PREMIER TEXTE
Mon soleil se couche. Ma journée
est accomplie. L’obscurité me dérobe. Avant que je ne me couche pour ne plus me
lever, je vais vous parler de mon peuple.
Ecoutez-moi, mes amis, ce n’est
pas pour moi le temps de vous mentir. Le Grand Mystère nous a faits, les
Indiens, et nous a donné cette terre sur laquelle nous vivons. Il nous a donné
le bison, l’antilope et le daim pour nous nourrir et nous vêtir. Nous sommes
partis de nos territoires de chasse du Minnesota pour la Plate, et du
Mississipi jusqu’aux grandes montagnes (He Ska : les monts Big Horn).
Personne n’a mis de limites autour de nous. Nous étions libres comme le vent et
comme l’aigle, et nous n’entendions pas d’ordres venus des hommes. Nous
combattions nos ennemis et faisions fête à nos amis. Nos braves chassaient tous
ceux qui voulaient prendre notre gibier. Ils capturaient les femmes et les
chevaux de nos ennemis. Nos enfants étaient nombreux et nos troupeaux très
importants. Nos anciens parlaient aux esprits et faisaient de bons charmes. Nos
jeunes gens conduisaient les chevaux et faisaient l’amour aux filles. Là où
était le tipi, là nous étions et aucune maison ne nous emprisonnait. Personne
ne disait : « Au-delà c’est la tienne ».
Nos pères vivaient de cette façon
et étaient très heureux. Puis l’homme blanc vint sur nos terrains de chasse, un
étranger. Nous lui avons donné de la nourriture et des présents et nous lui
avons dit d’aller en paix. Il regarda nos femmes et resta pour vivre dans nos
tipis. Ses amis sont venus tracer des pistes à travers nos terrains de chasse.
Avec des bibelots et des paroles, il a acheté la fille que j’avais. Il a
apporté Mni Wakan (l’eau de feu : le whisky), l’eau mystérieuse qui rend
les gens fous.
J’ai dit : « L’homme
blanc n’est pas un ami, tuons-le ». Notre chef Bull Bear m’a fait honte
devant notre peuple. Pour l’homme blanc il avait un cœur comme une femme.
Je suis né Lakota et j’ai vécu en
Lakota et je mourrai en Lakota
DEUXIEME TEXTE
Avant que l’homme blanc ne vienne dans notre pays, les
Lakota étaient un peuple libre. Ils faisaient leurs propres lots et se
gouvernaient eux-même et cela semblait bon. Alors ils étaient indépendants et
heureux. Alors ils pouvaient choisir leurs propres amis et combattre leurs
propres ennemis. Alors les hommes étaient braves et dignes de confiance.
L’homme blanc vint et prit nos
terres. Il nous a asservis et a fait des lots pour nous. On ne nous a pas
demandé quelles lois nous conviendraient. Mais les hommes blancs ont fait des
lois à leur convenance, et il nous forcent à y obéir. Ce n’est pas bon pour
l’Indien.
Les hommes blancs essaient aussi
de transformer les Indiens en hommes blancs. Autant essayer de rendre blanche
la peau de l’Indien que d’essayer de le faire agir et penser en homme blanc.
Mais l’homme blanc a pris notre territoire et a détruit notre gibier ;
aussi il nous faut manger la nourriture de l’homme blanc et mourir.
Le président nous a fait des
promesses. Les commissaires qu’il a envoyés nous ont promis des vêtements et de
la nourriture si nous voulions laisser aux blancs nos terres, et de nous
nourrir et nous vêtir jusqu’à ce que nous puissions nous nourrir par
nous-mêmes.
Nous, les Indiens les plus âgés,
avons dit aux commissaires que nous combattions pour nos chevaux et nos femmes
et que nous ne pouvions pas creuser la terre pour faire pousser de quoi nous
nourrir et nous vêtir.
Nous leur avons dit que les
pouvoirs surnaturels, les Taku Wakan, ont donné aux Lakota le bison pour la
nourriture et les vêtements. Nous leur avons dit que là où était le bison, là
était notre pays. Nous leur avons dit que le pays du bison était le pays des
Lakota. Nous leur avons dit que le bison doit avoir son pays et que les
Lakota doivent avoir le bison.
Maintenant, là où le bison errait, il y a des
barbelés qui bornent la terre où l’homme blanc travaille et sue pour obtenir de
la nourriture de la terre ; et, à la place du bison, il y a du bétail dont
on doit s’occuper pour qu’il reste envie, et là où
le Lakota pouvait chevaucher comme il le voulait du lever au coucher du soleil
pendant des jours et des jours sur se propres terres, il y a des routes faites
par l’homme blanc. Et quand l’Indien franchit les limites que l’homme blanc a
tracées, celui-ci nous dit, à nous les Indiens : « vous ne devez pas
être sur les terres qui ne sont pas sur la route ».
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