mercredi 20 février 2013

MAHPIYA LUTA (NUAGE ROUGE)



PREMIER TEXTE


Mon soleil se couche. Ma journée est accomplie. L’obscurité me dérobe. Avant que je ne me couche pour ne plus me lever, je vais vous parler de mon peuple.
Ecoutez-moi, mes amis, ce n’est pas pour moi le temps de vous mentir. Le Grand Mystère nous a faits, les Indiens, et nous a donné cette terre sur laquelle nous vivons. Il nous a donné le bison, l’antilope et le daim pour nous nourrir et nous vêtir. Nous sommes partis de nos territoires de chasse du Minnesota pour la Plate, et du Mississipi jusqu’aux grandes montagnes (He Ska : les monts Big Horn). Personne n’a mis de limites autour de nous. Nous étions libres comme le vent et comme l’aigle, et nous n’entendions pas d’ordres venus des hommes. Nous combattions nos ennemis et faisions fête à nos amis. Nos braves chassaient tous ceux qui voulaient prendre notre gibier. Ils capturaient les femmes et les chevaux de nos ennemis. Nos enfants étaient nombreux et nos troupeaux très importants. Nos anciens parlaient aux esprits et faisaient de bons charmes. Nos jeunes gens conduisaient les chevaux et faisaient l’amour aux filles. Là où était le tipi, là nous étions et aucune maison ne nous emprisonnait. Personne ne disait : « Au-delà c’est la tienne ».
Nos pères vivaient de cette façon et étaient très heureux. Puis l’homme blanc vint sur nos terrains de chasse, un étranger. Nous lui avons donné de la nourriture et des présents et nous lui avons dit d’aller en paix. Il regarda nos femmes et resta pour vivre dans nos tipis. Ses amis sont venus tracer des pistes à travers nos terrains de chasse. Avec des bibelots et des paroles, il a acheté la fille que j’avais. Il a apporté Mni Wakan (l’eau de feu : le whisky), l’eau mystérieuse qui rend les gens fous.
J’ai dit : « L’homme blanc n’est pas un ami, tuons-le ». Notre chef Bull Bear m’a fait honte devant notre peuple. Pour l’homme blanc il avait un cœur comme une femme.

Je suis né Lakota et j’ai vécu en Lakota et je mourrai en Lakota

DEUXIEME TEXTE

Avant que l’homme blanc ne vienne dans notre pays, les Lakota étaient un peuple libre. Ils faisaient leurs propres lots et se gouvernaient eux-même et cela semblait bon. Alors ils étaient indépendants et heureux. Alors ils pouvaient choisir leurs propres amis et combattre leurs propres ennemis. Alors les hommes étaient braves et dignes de confiance.
L’homme blanc vint et prit nos terres. Il nous a asservis et a fait des lots pour nous. On ne nous a pas demandé quelles lois nous conviendraient. Mais les hommes blancs ont fait des lois à leur convenance, et il nous forcent à y obéir. Ce n’est pas bon pour l’Indien.
Les hommes blancs essaient aussi de transformer les Indiens en hommes blancs. Autant essayer de rendre blanche la peau de l’Indien que d’essayer de le faire agir et penser en homme blanc. Mais l’homme blanc a pris notre territoire et a détruit notre gibier ; aussi il nous faut manger la nourriture de l’homme blanc et mourir.
Le président nous a fait des promesses. Les commissaires qu’il a envoyés nous ont promis des vêtements et de la nourriture si nous voulions laisser aux blancs nos terres, et de nous nourrir et nous vêtir jusqu’à ce que nous puissions nous nourrir par nous-mêmes.
Nous, les Indiens les plus âgés, avons dit aux commissaires que nous combattions pour nos chevaux et nos femmes et que nous ne pouvions pas creuser la terre pour faire pousser de quoi nous nourrir et nous vêtir.
Nous leur avons dit que les pouvoirs surnaturels, les Taku Wakan, ont donné aux Lakota le bison pour la nourriture et les vêtements. Nous leur avons dit que là où était le bison, là était notre pays. Nous leur avons dit que le pays du bison était le pays des Lakota. Nous leur avons dit que le bison doit avoir son pays et que les Lakota doivent avoir le bison.
Maintenant, là où le bison errait, il y a des barbelés qui bornent la terre où l’homme blanc travaille et sue pour obtenir de la nourriture de la terre ; et, à la place du bison, il y a du bétail dont on doit s’occuper pour qu’il reste envie, et là où le Lakota pouvait chevaucher comme il le voulait du lever au coucher du soleil pendant des jours et des jours sur se propres terres, il y a des routes faites par l’homme blanc. Et quand l’Indien franchit les limites que l’homme blanc a tracées, celui-ci nous dit, à nous les Indiens : « vous ne devez pas être sur les terres qui ne sont pas sur la route ».

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